Aux Etats-Unis, son succès est fulgurant puisque qu’on compte plus de 9 millions de pratiquants. Depuis janvier, cette discipline a intégré le giron de la FFT. Témoignages
Caroline Dhenin : « Le potentiel de développement est énorme »
Ancienne joueuse professionnelle (141e WTA en 1997 en simple et 49e en double), Caroline Dhenin, pratiquante passionnée de pickleball et membre du TM Ollioulais, s’occupe à la FFT du développement de cette discipline aussi ludique qu’accessible.
Comment avez-vous découvert cette discipline ?
J’ai découvert ce jeu en 2018 à Key West, en Floride (États-Unis), et j’ai vraiment essayé pour la première fois en octobre 2019, toujours au même endroit. J’ai immédiatement adoré, que ce soit la sensation de cette balle en plastique sur la raquette, le bruit, le format. J’ai d'abord essayé en simple en frappant mes revers à une main, contrairement au tennis, avec un sentiment de libération totale, un peu comme au squash ! Puis des Américaines nous ont vu jouer et nous ont proposé un petit match en double. L’une d’elles avait plus de 70 ans. On s’est toutes régalées et sans se faire de cadeaux, c’était véritablement nivelé ! Il faut dire que le matériel et les règles du jeu favorisent les échanges. Le double s'est révélé plus stratégique, l'aspect libérateur étant moins présent. J'ai a-do-ré !
Peut-on vous considérer comme une pionnière ?
Je ne sais pas. (rires) Dès mon retour, j’en ai parlé autour de moi. Je savais que près de mon domicile dans le Var, il y avait une association qui proposait des créneaux de pickleball. Je l'ai contactée. Puis à la fin des deux confinements, en 2021, j’ai pu jouer davantage en France. Je me souviens notamment d’un tournoi à Saint-Raphaël, c’était extraordinaire, on avait tous la banane. Ce tournoi se déroulait dans un club de tennis et j'ai immédiatement pensé que c'était une très belle formule pour nos clubs. J’en ai alors parlé à Daniel Courcol, directeur général adjoint de la FFT, et Sylvie Delaspre, directrice Développement des pratiques, de la compétition et de l’inclusion, qui ont été conquis par mon enthousiasme et ma détermination. Ils ont cru au potentiel du pickleball sur notre territoire. Nous avons échangé durant deux ans et ils m'ont drivé dans l'élaboration d'un dossier afin de proposer le pickleball au président de la FFT, puis au Comex. Aujourd’hui, je suis prestataire auprès de la Fédération Française de Tennis, chargée du développement du pickleball. Je travaille aux côtés de Florian Lecerf, responsable de l'urban et du pickleball, et Loïs Massiel, chargé de mission pickleball.
Quel est le potentiel de cette discipline en France ?
Le pickleball s’adresse à toute la famille, des enfants aux arrières grands-parents. Il est facile d’accès et l’apprentissage rapide. On est tout de suite en situation de réussite. Le terrain est petit, le matériel peu contraignant donc moins douloureux pour les articulations notamment. Enfin, en double, pratique majoritaire, on se blesse moins. Je joue régulièrement contre des personnes dont le classement est dérisoire au tennis, qui ne pourraient même pas renvoyer mes balles, mais qui ont du répondant face à moi ! C'est extraordinaire ! C'est un sport qui rassemble, qui permet d'avoir 16 personnes jouant en simultané sur un court de tennis. Familles et amis s'y retrouvent. À ce titre, le potentiel de développement est juste énorme, exponentiel, je dirais !
Comment faire pour qu’elle devienne un complément du tennis et du padel dans les clubs ?
On avance sur tous les fronts :
Nous avons commencé les journées découverte en avril, qui vont se poursuivre jusqu'à la fin de l'année. Le matin, nous présentons le jeu et la stratégie aux dirigeants comme aux enseignants, avant de leur faire essayer. Puis dans l’après-midi, les adhérents et autres publics le découvrent. Nous sommes allés à Livry-Gargan, Azay-le-Rideau et Port Camargue, les retours des clubs comme du public sont très positifs. On leur propose une nouvelle alternative, une offre diversifiée dans le cadre d’une pratique multi-raquettes. On voit d’ailleurs de nombreux sports essayer de se diversifier, à l’image du tennis de table ou du badminton.
Le pickleball sera présenté au grand public lors de Roland-Garros. Du jeudi au dimanche, lors de la deuxième semaine, nous aurons trois terrains sur le court n°5. Avec Sophie Amiach et Isabelle Demongeot, nous serons présentes pour entourer la pratique, initier les gens, jouer des matchs exhibitions.
L'homologation des tournois a commencé depuis peu.
On organise le premier Open de France de pickleball FFT ouvert à tous les licenciés de 11 ans et plus, du 21 au 23 juin, à Aix-en-Provence. L'ambiance familiale du pickleball sera le maître mot des trois types d'épreuves proposées sur le weekend : les simples le vendredi, les doubles par genre le samedi puis les doubles mixtes le dimanche.
On élabore aussi des contenus de formation continue pour que dans chaque ligue, d’ici janvier, un diplôme fédéral soit proposé. Ce module ne sera pas uniquement technique, mais insistera sur la manière d’inclure ce sport dans une offre club globale, de faire vivre la discipline. Dans ce but, il faudra aussi former des personnes référentes dans les clubs, pas forcément des DE, souvent débordés, mais aussi des BPJEPS ou CQP, UFR STAPS, chargés d'animer, d’accueillir, de conseiller les pratiquants, afin que le pickleball ne soit pas du tennis à petite échelle mais un sport à part entière.